LETTRE D’INFORMATION MAI 2024
Des nouvelles du CAIRH
Quoi de neuf ?
LE FESTIVAL MYTHE & THÉÂTRE 2024 : GENII/PLURIEL
Festival Mythe et Théâtre, le festival annuel de Panthéâtre aura lieu cette année du 4 au 14 juillet.
Panthéâtre et son Festival Mythe et Théâtre, fondé en 1987, explorent, depuis 2017, les facettes de la MAGIE – considérant que la Magie offre l’horizon le plus large et le plus riche de l’agence et de la pensée humaines. Cette année, nous explorerons la pluralité géniale de la Magie, en abordant la notion même de GÉNIE et sa phénoménologie, à travers des laboratoires, des conférences et des performances.
Nous rendrons également hommage aux figures de génie qui ont inspiré Panthéâtre, à commencer par Roy Hart et James Hillman, en organisant des séminaires sous le titre : Roy Hart : Mythe et Théâtre.
Le Festival suivant, en 2025, se penchera sur la mort abrupte et tragique de Roy Hart, quelques mois seulement après l’achat « miraculeux » de Malérargues. La magie peut aussi être accompagnée, et l’est souvent, de terribles sorts, et ne doit pas être limitée à des illusions optimistes.
UN BRIN DE MUGUET : LA MORT DE DOMINIQUE DUPUY
Par Marie-Paule Marthe
Danser tout de suite. Danser, toujours. » Jean Weidt*
Dominique Dupuy, danseur, chorégraphe, pédagogue, chercheur et auteur, est mort récemment à l’âge de 93 ans. Mariés plus de 70 ans, sa femme, Françoise, et lui ont été les précurseurs, interprètes et défenseurs de la danse moderne et contemporaine en France, dans les années 1950, jusqu’à la mort de Françoise, à 97 ans, en septembre 2022.
J’ai rencontré Dominique au Roy Hart Théâtre, en été 1981, lors des premières Rencontres de Malérargues, où il avait été invité à danser. Quelques années plus tôt, en 1978, il avait rencontré plusieurs membres du Roy Hart Theatre, dont Kevin Crawford, Vicente Fuentes, Elisabeth Mayer, Derek Rossignol, et Enrique Pardo. Dominique avait alors pressenti un lien possible entre son approche de la danse et celle de la voix de Roy Hart. De multiples collaborations artistiques, enseignements et amitiés avec les membres du Roy Hart Theatre s’en suivirent, avec moi pendant plus de 40 ans.
J’ai vu Dominique pour la dernière fois, à Paris, le 19 octobre 2023. Nous ne nous étions pas vus depuis quatre ans à cause de la pandémie. Il nous a accueillis, mon mari, Jay, et moi, en s’exclamant : «Tu es toujours aussi grande ! » (Dominique n’était pas très grand.) Puis il a dit à mon mari : « Vous avez un crâne magnifique, Jay ! ». (Jay a le crâne rasé, tout comme Dominique). Sur ces mots, nous avons parlé une heure durant, alors que nous avions promis de rester au maximum un quart d’heure. À un moment de notre visite, je lui ai dit : « Ta voix est toujours aussi belle, profonde et grave ! ». Il m’a répondu : « Oui, j’aurais pu être chanteur. J’ai toujours aimé chanter. Je regrette parfois de ne pas avoir chanté plus souvent dans ma vie ». Notre visite s’est terminée par des photos et des bises d’adieu.
J’entends encore sa voix lors de notre dernier appel téléphonique en février dernier, où le sujet principal était ses Grands entretiens réalisés en 2012 (disponibles en ligne), vidéo indispensable pour découvrir la vie et le parcours artistique de Dominique. Interprète d’exception, il savait aller à l’essentiel de la danse et du geste, ce que Dominique et Françoise appelaient la dansée. En dansant, ils savaient « faire théâtre », selon l’expression de Jérôme Andrews, l’un de leurs grands professeurs, collaborateurs et amis. Ils savaient aussi faire silence et écouter. Pour eux, la danse était « un désir de vie ».
J’ai eu la chance de vivre quarante-trois ans d’amitié et de complicité personnelle et artistique avec Dominique, ancrées dans les affinités de sa philosophie et de sa pratique de l’art du mouvement et de la danse, avec celles de l’art de la voix humaine et du chant du Roy Hart Theatre. Il m’a soutenue et encouragée dans cette voie car la danse, le chant, la voix humaine, la musique et le théâtre étaient pour lui « un désir de vie ».
Dominique, lors de la pandémie du Covid, m’a envoyé une lettre le 1er mai 2021. Il écrivait : « C’est le geste qui compte. Les gestes qui comptent, ceux de l’amitié ». Il avait accompagné son message d’un brin de muguet selon la tradition française du jour. La grâce et la simplicité de ce geste me sont allées droit au cœur. Et, tristement, Dominique est décédé le 1er mai de cette année. Sa mort m’est, elle aussi, allée droit au cœur.
*Le premier maître de danse de Dominique Dupuy, dès l’âge de huit ans.
Par Marie-Paule Marthe
Dominique Dupuy avec Kaya Anderson. Photo © Ivan Midderigh
Kevin Crawford et Dominique Dupuy. Photo © Ivan Midderigh.
Que célébrons-nous ?
LA TROISIEME EDITION DU FESTIVAL ANNUEL TUMULTES
La pluie s’est levée juste à temps pour le festival Tumultes qui s’est tenu les 3 et 4 mai à Malérargues en collaboration avec le collectif « Ondes Sonores ».
L’événement a été salué par tou.te.s comme un nouveau succès retentissant avec de l’écoute, de la danse, des échanges, des arts visuels, de la musique et bien sûr de la voix dans les studios, sur scène et dans la cour.
La station locale Radio Escapades a diffusé en direct de la Cour Pagliacci une émission sur 50 ans de voix à Malérargues. Ian Magilton, Marianne Le Tron et Laurent Stéphan représentaient trois générations d’artistes et de professeurs du Centre Roy Hart.
Pour ceux et celles qui l’auraient manqué, un enregistrement est disponible en ligne ici pour votre plaisir.
Qu’écoutons-nous ?
Tshaikah Trio « Sssstoriesss
Une histoire sur la vie à trois voix.
João Charepe, Mariane Siem and Zwaantje de Vrie
Que lisons-nous ?
Paul Pörtner und Roy Hart
Die menschliche Stimme in Kunst und Leben, par Ralf Peters, Stimmfeld, 2024.
Paul Pörtner et Roy Hart: La voix humaine dans l’art et la vie
Après une production radiophonique commune avec Roy Hart, en 1972, Paul Pörtner découvre pour la première fois le Roy Hart Theatre à Londres. Le dramaturge allemand pensait avoir trouvé un ensemble qui non seulement partageait ses idées sur le lien entre la vie et le théâtre, mais qui était également capable de les mettre en œuvre sur le plan artistique. C’est ainsi qu’a commencé une période d’échanges et de collaboration intensifs qui a duré près de deux ans.
Dans sa recherche, Ralf Peters, artiste, philosophe et professeur de chant au Centre Roy Hart, retrace l’évolution de cette collaboration, en s’appuyant sur des textes inédits de Pörtner.
Le résultat est un aperçu fascinant du théâtre d’avant-garde des années 1970, qui cherchait à comprendre le théâtre comme un mode de vie et donnait une urgence existentielle aux questions artistiques.
Disponible à l’achat ici (en allemand uniquement)
LEVÉE DE FONDS
Le Centre Artistique International Roy Hart a lancé une grande campagne de collecte de fonds pour financer la conservation de nos archives et la création d’un site web dédié à la recherche en ligne. Les dons peuvent être effectués via HelloAsso ou GoFundMe.
Pour plus d’informations et pour faire un don, veuillez cliquer ici. Merci d’avance pour votre soutien !