LETTRE D’INFORMATION HIVER 2022
Des nouvelles du CAIRH
Cela fait un moment et beaucoup de choses se sont passées au Centre Roy Hart ces derniers mois, notamment une saison estivale fourmillante de stages et de spectacles, de nouvelles publications, des anniversaires marquants au sein de la communauté malérarguaise, l’élection de deux nouveaux membres au conseil d’administration du CAIRH, et la formation d’une nouvelle équipe enthousiaste pour vous apporter de plus belles et de plus brillantes newsletters dans les mois à venir !
Nous sommes toujours en train de peaufiner les imperfections de notre système. Nous prions ceux d’entre vous qui n’ont pas reçu l’édition d’été 2022 de notre newsletter de bien vouloir nous en excuser. Des copies archivées sont disponibles pour votre plaisir de lecture sur le site web ici : https://roy-hart-theatre.com/newsletter.
Si vous avez des idées, des propositions, des contributions ou des questions concernant la newsletter, n’hésitez pas à nous contacter à tout moment.
Alors sans plus attendre, voici les nouvelles !
Nous vous souhaitons à tou.te.s une fin d’année paisible et une nouvelle année saine, prospère et enrichissante.
Chaleureusement,
De toute l’équipe
Siobhán, Julien, Esther, Ian et Emma
Quoi de neuf ?
Programmation de Stages 2023
Oyé oyé ! Nous sommes heureux de vous annoncer que la programmation des stages au Centre Roy Hart pour l’hiver 2022 et le printemps 2023 est désormais en ligne et les inscriptions sont ouvertes. Peut-être avez-vous rêvé pendant la pandémie de revenir à Malérargues ou même de la visiter pour la première fois ? Pourquoi ne pas offrir à vous-même ou à un proche le cadeau de la voix cette année ? Bien que les inscriptions aient diminué pendant la crise du Covid, nous nous réjouissons d’accueillir l’année prochaine un grand nombre de stagiaires, nouveaux et anciens, pour explorer et découvrir vos voix au milieu de la beauté et de la magie de ce lieu vivant et vibrant, si plein d’histoire et de vie. Nos mains ne sont pas restées inactives en votre absence et nous avons été occupés à rénover et à moderniser les gîtes pour vous accueillir, alors n’oubliez pas de réserver votre hébergement lorsque vous vous inscrivez à un stage. Votre soutien et votre présence sont plus que jamais indispensables pour que nous puissions continuer à faire prospérer notre centre international de recherche, d’étude et de création artistique.
Veuillez cliquer ici pour consulter notre programmation des stages en 2023.
Un nouveau conseil d’administration
En novembre de cette année, David Goldsworthy est arrivé à la fin de son mandat au conseil d’administration après 45 ans au service du Roy Hart Theatre puis de notre association. Notre gratitude envers David est incommensurable et nous nous réjouissons de poursuivre le bon travail que lui et tant d’autres ont accompli au fil des ans. Par la même occasion, nous accueillons deux nouveaux membres au sein du conseil d’administration : Mariane Siem et Davide Maffeo, dont vous pouvez lire les biographies ici.
Recherche d’un service civique
Nous aimerions accueillir pour 6 mois à Malérargues une personne en Service Civique qui puisse nous aider dans le développement de nos activités et la recherche de contacts avec les acteurs culturels du territoire (afin de pouvoir faire vivre les activités artistiques du Centre à l’année et pas seulement durant les mois d’été). Nous cherchons une personne qui parle bien le français pour s’adresser aux personnes et aux structures locales. Mais elle peut concerner un jeune européen quelque soit sa nationalité. Elle intéressera particulièrement une personne qui connaît déjà notre travail ou/et qui souhaite s’y engager davantage. Pour de plus amples informations veuillez cliquer ici.
Merci d’envoyer les candidatures à Juliette Flipo
2023 Chantier participatif de la SCI Fondation de Malérargues
Aux Membres du Centre Roy Hart: À Malérargues, depuis des années, la SCI organise des chantiers participatifs, dénommés «Interns Week» ou «Springterns». Cela prend la forme d’une semaine pendant laquelle les participants, hébergés par la SCI, font des heures de travaux pratiques comme du jardinage ou de la peinture. Durant cette semaine, ils ont aussi le plaisir de participer à des sessions de chant.
Cette année, le chantier participatif aura lieu autour de Pâques (1-8 avril 2023). Ce chantier consistera à planter des poteaux pour une clôture autour des jardins, studios et résidences de Malérargues afin d’empêcher les sangliers d’entrer – il ne pourra peut-être pas être terminé en une semaine. Quoi qu’il en soit, ce sera amusant de passer du temps ensemble dans la forêt au milieu des fleurs. Si le temps est mauvais, sera organisé un projet en intérieur. Horaires : 10h-13h et 15h-17h de travaux pratiques ; 18h-20h de sessions de chant en studio. Sont envisagées des sessions de chant individuelles en journée pour chaque participant. Maximum 8 participants. Pour plus d’infos merci de contacter Ian Magilton et Rosi Cotton
Sur quoi travaillons-nous ?
Un mot de Mariane Siem, nouvelle membre du Conseil d’Administration du CAIRH
Dès l’enfance j’ai ressenti beaucoup de plaisir à chanter et m’exprimer par le théâtre et la musique. En grandissant cela a continué et depuis environ 35 ans c’est le cœur de de ma vie active.
Quand j’ai rencontré pour la première fois le travail Roy Hart en 1989 à travers ma formation théâtrale, j’ai aimé comment ce travail combine des éléments venus aussi bien du théâtre que de la musique, alors j’ai continué dans ce travail Roy Hart, premièrement avec Carol Mendelsohn et Saule Ryan. Depuis 25 ans maintenant ils viennent à Aarhus au Danemark, où je vis, et pour cette raison beaucoup de monde à Aarhus est intéressé par cette approche de la voix.
Le travail de la voix Roy Hart commença pour moi comme un travail personnel et maintenant c’est aussi mon métier. Je suis professeur Roy Hart depuis 2014, j’enseigne au Danemark et aussi à Malérargues. Enseigner à Malérargues est très spécial et j’aime partager ce travail de la voix avec des gens du monde entier. Je me réjouis de voir ici des collègues et des amis, et de retrouver les environs magnifiques du Centre.
Il y a toujours beaucoup de plaisir pour moi dans le travail de la voix. Quand j’improvise une scène théâtrale ou un conte pour les enfants j’aime utiliser ma voix pour créer des atmosphères et des personnages, ce qui est important pour impliquer les enfants dans l’histoire. Quand je chante en concert j’aime pouvoir interpréter les paroles avec toutes les couleurs de ma voix.
Mais ce n’est pas seulement un travail de la voix. Il s’agit aussi de l’âme humaine, il s’agit d’être vue et observée dans la fragilité comme dans la force et dans la sincérité quand on laisse la voix s’exprimer avec authenticité. Je suis si heureuse quand j’arrive à lâcher les a priori sur ce que je veux dire car alors le corps et le subconscient peuvent prendre plus d’espace. Le corps et les émotions sont toujours loin devant la volonté et l’intellect. A travers le travail de la voix il y a parfois un raccourci vers quelque chose de si nouveau et si inconnu que je ne peux même pas le conceptualiser en mots. C’est pour moi vraiment important.
Je sais que le travail du Conseil du CAIRH demande d’autres voies de travail et d’expression. Je suis très heureuse de prendre part au côté plus organisationnel du travail du CAIRH avec des personnes qui connaissent et aiment l’esprit du travail de la voix Roy Hart. J’espère pouvoir contribuer au travail de la manière qui le nourrira le mieux.
ArcheCom, la commission qui se charge de la sauvegarde, numérisation et diffusion des archives matérielles présentes sur le siège de l’Association.
Le 2 décembre dernier, Paula Molinari et David Goldsworthy, représentant ArcheCom ont été reçus aux Archives Départementales du Gard pour un premier entretien visant à établir d’éventuelles relations entre les deux institutions. La directrice, Madame Pascale BUGAT, et Monsieur Vincent MOLLET nous ont expliqué le fonctionnement de chaque partie du processus de conservation des documents qui leur sont donnés pour être sauvegardés et consultés par le grand public.
Le 5 décembre, nous avons reçu M. Vincent MOLLET à Malérargues afin qu’il prenne connaissance de nos installations et nous conseille sur d’éventuelles démarches futures. Ivan Midderigh a installé un ordinateur dans la bibliothèque du château pour présenter son livre photographique en cours de réalisation ainsi que les photos imprimées des différentes performances artistiques au Roy Hart Theatre.
La température et l’indice d’humidité des locaux ont été mesurés tant dans la salle des archives («La Mémoire») que dans la bibliothèque du château. Dans les deux cas, il a été constaté que nous disposons, au moins en hiver, de bonnes conditions de conservation.
Ceci est un bref compte-rendu d’un petit mais important pas franchi par notre commission vers le grand travail que nous avons encore devant nous et qui n’a été possible que grâce au travail de Paul et Clara au cours des années.
Qu’écoutons nous ?
Chaîne YouTube du Centre Roy Hart : Sheila Braggins chante
Pour lancer la chaîne YouTube officielle du Centre Roy Hart, nous vous présentons Sheila Braggins chantant avec Saule Ryan et filmée par Carol Mendelsohn à Londres en septembre 2013. Sheila était une élève d’Alfred Wolfsohn dans les années 1950 et au début des années 1960 et est restée une amie proche de plusieurs membres du Roy Hart Theatre et du Centre Roy Hart jusqu’à sa mort en 2014. La chaîne YouTube a été initialement créée par Arno Peck et Saule Ryan et est maintenant gérée avec le soutien de João Charepe. – Montage video par João Charepe
TSHAIKHA TRIO EP
Une nouvelle collaboration internationale, diffusée sur plusieurs plateformes numériques par trois professeurs du Centre Roy Hart : João Charepe (Portugal), Mariane Siem (Danemark) et Zwaantje de Vries (Pays-Bas).
L’album comprend 6 titres et est disponible pour le plaisir de l’écoute sur Spotify, Apple Music et YouTube.
Que lisons-nous ?
Nouveaux livres
Alfred Wolfsohn: Banishing the Stench of the World
par Ralf Peters, Stimmfeld, 2022.
Professeur et membre de l’association du CAIRH, Ralf Peters a édité et publié un premier livre tiré des écrits d’Alfred Wolfsohn. Basé sur les lectures de Ralf au cours des deux dernières années, «Banishing the Stench of the World» (“Bannir la puanteur du monde”) est un recueil bilingue (allemand/anglais) de notes provenant des manuscrits rassemblés du professeur de chant allemand Alfred Wolfsohn. Il exprime ses souvenirs de l’Allemagne, ainsi que ses expériences en tant que juif allemand pendant l’Holocauste et en tant que soldat pendant la première guerre mondiale.
«Déjà à l’époque, j’ai vu de mes propres yeux le Konzentrationslagergeist (l’esprit des camps de concentration) organisé par les représentants de la noblesse prussienne dans les camps de prisonniers de guerre. Mais presque personne ne comprenait que l’on pouvait en tomber malade. Pourtant, je savais bien que je n’étais pas le malade, j’étais le bien portant et je ne faisais pas comme la plupart des gens, qui pouvaient oublier, qui se pliaient aux exigences du jour en supposant naïvement que la paix régnait et que tout allait bien comme il faut.»
Le livre est disponible mondialement et peut être acheté ici. Il sera également disponible à la vente au bureau du CAIRH à Malérargues prochainement.
Le produit des ventes sera reversé à l’association stimmfeld, basée à Cologne, qui a financé cette publication. Une partie des recettes de la vente du livre à Malérargues sera reversée à La Mémoire, les archives du CAIRH.
DEUTSCH
Ralf Peters, CAIRH-Mitglied und -Lehrer, hat das bislang erste Buch mit Texten von Alfred Wolfsohn herausgegeben. Entstanden auf Grundlage von Lesungen, die er in den vergangenen Jahren gemacht hat, ist „…den Gestank der Welt vertreiben“ ein zweisprachiges Buch (deutsch/englisch), in dem man Wolfsohns Beschreibungen seiner Erfahrung als deutscher Jude, als Soldat im 1. Weltkrieg und den Holocaust findet. Außerdem enthält das Buch die Überlegungen Wolfsohns zur jungen Charlotte Salomon und ihren frühen Arbeiten.
Das Buch ist hier erhältlich oder über den stationären und online-Buchhandel.
Das Buch wird bald in Malérargues erhältlich sein. Das Geld aus dem Verkauf geht übrigens an den in Köln ansässigen stimmfeld-Verein, der die Herausgabe finanziert hat. Bei Verkauf in Malérargues sollen 3 Euro an das dortige Archiv gehen.
Hier der covertext, original von Wolfsohn:
“Schon damals habe ich mit eigenen Augen den Konzentrationslagergeist von Vertretern preußischer Edelmenschen in Kriegsgefangenenlagern exekutiert gesehen. Aber kaum einer hat verstanden, dass ein Mensch daran krank werden konnte. Doch ich wusste genau, ich war nicht der Kranke, ich war der Gesunde, der nicht mitmachte, was die meisten taten, die vergessen konnten, die den Forderungen des Tages nachgingen unter der naiven Voraussetzung, es sei ja Friede und alles in Ordnung. »
– Ralf Peters
Nous nous réjouissons de l’annonce du projet de publication, MANGKHUT: Stories in the Air,
par Richard Armstrong
Un voyage d’écriture de cinq semaines, début 2019, a conduit Richard Armstrong sur l’île de Cheung Chau à Hong Kong, à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande et dans le sud-ouest de l’Angleterre. Mangkhut, le titre de son manuscrit récemment achevé, est né de ce voyage. C’est le nom donné à un typhon mortel de catégorie 10 qui a frappé les Philippines et Cheung Chau en septembre 2018 et c’est aussi le nom d’un délicieux fruit thaïlandais.
Le livre emmène le lecteur en voyage à travers des réflexions rassemblées à partir du travail de Richard sur la voix humaine pendant cinq décennies, entrecoupées de notes du voyage de 2019. Ces récits ont un thème sous-jacent qui sera familier à toute personne associée à l’héritage de Roy Hart : la voix et la psyché sont liées, et se révèlent donc mutuellement. Le livre contient aussi des histoires tirées de l’enfance de Richard, des récits d’événements fictifs, tout ce qui va de l’extra-terrestre au mondain, de la culture pop à l’analyse des rêves, et des réflexions sur la mortalité, le genre, la mythologie et la biologie, la répression et la libération, la naissance et la mort, entrecoupées de plus de 40 illustrations, dont des photographies et des œuvres d’art originales.
L’intention est d’inciter le lecteur à se poser des questions fondamentales sur lui-même et son identité.
Richard explore actuellement les possibilités de publication et accueillera volontiers toute suggestion.
«Chanteur et réalisateur de renommée mondiale et professeur de chant adoré, Richard Armstrong utilise son génie intuitif pour guider en douceur chaque élève au-delà du seuil de l’attente vers l’inconnu vaste et divin, en honorant l’être humain qui se trouve devant lui avec amour et attention. Il a écrit des mémoires aussi uniques, engageantes et brillantes que l’homme lui-même. Il s’agit d’un regard singulier sur la vie, l’art, la voix et la pédagogie, ainsi que d’une réinvention ludique de la forme des mémoires. À travers une narration exquise, Richard tisse un parcours artistique intime et personnel en une tapisserie inspirante qui célèbre une vie bien vécue et un homme profondément aimé par tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui.» – Grace Zandarski, professeur associé, responsable de la voix et du texte, Yale School of Drama.
Pour écrire à Richard, veuillez cliquer ici.
DEUTSCH
Mangkhut: Geschichten in der Luft, Richard Armstrong
Eine fünfwöchige Schreibreise Anfang 2019 führte Richard Armstrong auf die Insel Cheung Chau in Hongkong, nach Chiang Mai im Norden Thailands und in den Südwesten Englands. Mangkhut, der Titel seines kürzlich abgeschlossenen Manuskripts, entstand auf dieser Reise. Es ist der Name eines tödlichen Taifuns der Kategorie 10, der im September 2018 die Philippinen und Cheung Chau traf und auch der Name einer köstlichen thailändischen Frucht.
Das Buch nimmt den Leser mit auf eine Reise durch Richards Reflexionen über fünf Jahrzehnte Arbeit mit der menschlichen Stimme und ist angereichert mit Notizen von der Reise 2019. Diesen Erzählungen liegt ein Thema zugrunde, das all jenen vertraut sein wird, die mit dem Erbe von Roy Hart verbunden sind: Die Stimme und die Psyche sind miteinander verbunden und offenbaren sich daher gegenseitig. Das Buch enthält außerdem Geschichten aus Richards Jugend, fiktive Ereignisse – von außerirdisch bis weltlich, von Popkultur bis Traumanalyse, und Reflexionen über Sterblichkeit, Geschlecht, Mythologie und Biologie, Unterdrückung und Befreiung, Geburt und Tod, zusammen mit über 40 Illustrationen, darunter Fotografien und Originalkunstwerke.
Die Absicht ist es, den Leser dazu anzuregen, grundlegende Fragen über sich selbst und seine Identität zu stellen.
Richard sondiert derzeit Publikationsmöglichkeiten und freut sich über jede Anregung.
Der renommierte und beliebte Sänger, Regisseur und Stimmlehrer Richard Armstrong nutzt sein intuitives Genie, um jeden Schüler sanft über die Schwelle der eigenen Erwartungen hin zum großen, göttlichen Unbekannten zu führen, indem er den Menschen, der vor ihm steht, mit Liebe und Sorgfalt ehrt. Er hat ein Erinnerungsbuch geschrieben, das so einzigartig, fesselnd und insgesamt großartig ist wie der Mann selbst. Dies ist ein besonderer Blick auf das Leben, die Kunst, die Stimme und die Pädagogik – und auch eine spielerische Neuerfindung der Memoirenform. Mit einer exquisiten Erzählweise verknüpft Richard eine intime und persönliche künstlerische Reise zu einem inspirierenden Werk, das ein erfülltes Leben und einen Mann feiert, ein Mann, der von allen, die das Glück hatten mit ihm zu arbeiten, zutiefst geliebt wurde. – Grace Zandarski, Außerordentliche Professorin, Leiterin der Abteilung Gesang und Text, Yale School of Drama.
Um Richard zu kontaktieren, klicken Sie bitte hier.
Article: carte postale d’Egypte
Mystères d’Égypte, par Ian Magilton
En m’asseyant sur le balcon pour commencer cette lettre, j’ai vu le garçon d’à côté pousser, presque chevaucher la plus grande des chèvres de la famille à travers la cour. Maintenant, je ne peux pas les voir derrière les arbres, mais j’entends un couteau qu’on aiguise.
Nous sommes dans le village bédouin d’origine, caché derrière la station balnéaire de Dahab, sur la mer Rouge, avec ses restaurants, ses écoles de plongée, ses thérapeutes, ses boutiques de souvenirs et, étonnamment, de nombreux touristes russes, tandis que dans les rues poussiéreuses du village situé derrière nous, des militaires âgés, avec des kalachnikovs tout aussi anciennes sur leurs genoux, gardent la camionnette de la poste. Dans notre rue, un chat mort desséché est aplati dans le sable. Encore un des contrastes frappants de l’Égypte que je n’arrive pas à mettre en équation, mais je suis certain de savoir lequel est le plus proche de la réalité.
Mais hier, en faisant de la plongée avec tuba sur le récif, j’ai vu une telle beauté que j’ai tout remis en question…
Le Caire
« La folie au travail », c’est la description qu’Anita fait des rues du Caire. Il est étonnant de voir comment les voitures et les camions évitent de s’écraser les uns contre les autres, parfois à quelques millimètres près, ou de ne pas tuer les piétons, ou les cyclistes qui viennent dans la mauvaise direction, surtout ceux qui ont d’énormes plateaux de pain frais en équilibre sur leur tête – sans mains ! Traverser la rue, c’est comme une tauromachie : on pose sa cape imaginaire devant les voitures qui foncent en klaxonnant, on les regarde et on les défie de nous écraser. Les vieilles dames enrobées sont les plus douées pour cela, alors nous les suivons. Dans les canyons des élégantes ruines de l’époque coloniale, la circulation est assourdissante et le ciel est toujours nuageux, bien que le soleil brille tous les jours. Je ne suis pas sûr que je pourrais survivre plus de deux semaines au Caire.
Le Nil est immense, les pyramides sont énormes, Tut Ankh Amun est beau dans son sarcophage de cent dix kilos d’or massif, mais quelque peu inintéressant, les chameaux étaient gentils.
Nous sommes en Égypte grâce aux efforts de Ben Rivers, fondateur et ex-directeur du centre artistique DAWAR, qui a pris sa première leçon de chant avec David il y a vingt ans et qui est actuellement engagé dans le groupe de pédagogie avancée. Les stages ont coïncidé avec la COP27 et l’anniversaire de la rébellion du «printemps arabe» de 2011. L’écrivain et activiste Alaa Abd El-Fattah était en prison dans la dernière phase dramatique de sa grève de la faim. L’Égypte est sous tension. DAWAR a été contraint de fermer pendant trois jours, nous avons donc travaillé dans un autre studio et avons dû garder les fenêtres fermées !
Nous avons rencontré Hassan al-Geretly, directeur du théâtre El Warsha qui pense avoir vu « And » au théâtre des nations en 1972. Il a demandé s’il pouvait envoyer deux de ses acteurs au stage et a parlé chaleureusement d’Orlanda Cook et du travail qu’elle a fait avec sa compagnie dans les années 80, dans une période qui suivait de peu son diagnostic de cancer. Il était au courant de son parcours. Il nous a invités à une répétition de la compagnie. Le GPS d’Anita savait exactement où c’était, mais pas nous, et il faisait de plus en plus sombre pendant que nous cherchions. Finalement, un homme dans un café nous a expliqué où se trouvait El Warsha et est même venu nous aider lorsque nous avons hésité devant une entrée grandiose, décrépite et franchement effrayante : «Troisième étage», a-t-il dit. Nous avons bravé les escaliers effrayants.
Leur répétition, dans leur espace en ruines, était très touchante, une autre « folie qui travaille », surtout lorsque Hassan a regardé vers la scène et a annoncé avec émotion : «Orlanda Cook a travaillé avec nous dans cet espace». Ce n’est pas un sarcophage en or massif de 110 kilos, mais c’est une sorte d’immortalité.
Bien qu’ils ne soient plus immortels et face à tous les obstacles, les récifs coralliens de la mer Rouge débordent toujours d’une concentration de vie étonnante. J’ai étudié les beaux-arts, mais je n’ai jamais vu une imagination des formes aussi sûre ou une telle intensité des couleurs, la vie ! encore une autre folie au travail.
P.S. La chèvre va bien.
Avec Grande Tristesse…
En juillet 2022, nous avons appris avec grande tristesse le décès de Paul Silber à l’âge de 84 ans, des suites d’une infection au COVID 19.
Nous n’oublierons jamais les moments passés en sa compagnie.
Unique rescapé de l’accident qui a coûté la vie à Roy, Dorothy et Vivienne en 1975, la classe naturelle que Paul avait et a cultivé toute sa vie durant, alors même que son corps avait été si durement frappé, sont pour nous des exemples de résilience et de courage.
Ceux qui sont venus de Londres se souviennent sans doute de lui comme l’un des principaux comédiens de la troupe d’alors, ceux d’entre nous qui l’ont connu plus tard se rappellent des différents concerts où l’on a pu l’entendre à Malérargues durant ces dernières décennies, accompagné au piano par Jonathan Hart Makwaia ou Sašo Vollmaier ; c’était très impressionnant de l’entendre sur ce répertoire si compliqué à chanter, qu’il connaissait par cœur et interprétait avec une fougue et un élan de vie inaltérable.
Son énergie de bâtisseur l’a poussé à construire de toutes pièces ou à réhabiliter plusieurs des bâtiments qui étaient en ruine à Malérargues, avec le soutien et l’aide inconditionnelle de Clara. Aussi nos pensées volent aujourd’hui vers celle qui fut la compagne et la complice de Paul durant tant d’années : ils partageaient les mêmes passions, les mêmes enthousiasmes et les mêmes agacements et ont réalisé ensemble de grandes choses : formations, films… Mais surtout un travail énorme pour constituer des archives couvrant cette première époque, depuis le travail de pionnier d’Alfred Wolfsohn jusqu’à la mort de Roy Hart : Disques compacts, vidéos, site internet, conférences… Paul et Clara ont déployé une énergie colossale et des dizaines de milliers d’heures pour garder une trace de cette aventure artistique et humaine qui a traversé le vingtième siècle et évolue encore.
Nous n’avons pas de mots pour remercier Paul et Clara de ce qu’ils nous lèguent : la Mémoire (la pièce dédiée aux archives à Malérargues) est encore leur lieu, tellement leur empreinte y est forte.
Paul Silber (1938-2022)
Paul, souvenirs de Clara Silber-Harris
Cela fait déjà cinq mois que Paul est mort. Parfois, j’ai l’impression qu’hier il était là, en forme et plein de vie. À d’autres moments, j’ai l’impression que cela fait une éternité que je suis seule.
Il m’a laissé tant de bons souvenirs. Lors de nos dernières semaines ensemble, nous avions commencé ce que j’ai appelé un « Book of (H)ours » (Livre d’heures – Livre des nôtres). J’avais rêvé de ce titre et à la manière des livres médiévaux, cela me semblait une bonne façon de rassembler des écrits, des souvenirs et des dessins. Nous avions fait un début et je poursuivrai ce projet l’année prochaine.
Je suis très touchée que tant de personnes ici se souviennent de la voix chantée de Paul. Il avait rompu avec son habitude de ne chanter qu’en studio et, au cours de ses dernières années, il chantait chaque fois que le moment semblait propice – dans un restaurant, un café ou lors d’un dîner. Son médecin l’a encouragé à chanter pour lui dans son cabinet ! Il admirait sa voix. Le matin où Paul a eu les premiers symptômes du Covid, il avait rendez-vous chez un podologue. Sur son ordonnance, le médecin avait mentionné «bon chanteur» ! Alors à la demande de la podologue, Paul lui a chanté une chanson du haut de son fauteuil de patient et elle en a été ravie ! Pour son studio habituel, il utilisait une cave à vin avec une belle acoustique. Les vignerons l’ont encouragé à chanter quand il le souhaitait. Une de ses chansons préférées en solo était If I had Wings like Noah’s Dove (Si j’avais des ailes comme la colombe de Noé), une chanson qui montrait subtilement l’étendue et l’expressivité de sa voix.
Mais Paul regrettait tellement de ne pas pouvoir chanter avec ses chers amis, Jonathan et Sašo. Pour vous offrir un souvenir heureux, voici un extrait de son concert de 2017 à Malérargues, l’exubérant Paul, profitant de sa dernière chanson, tandis que Sašo l’accompagne. Un bel exemple de la complicité entre les deux. (Merci à Carole Paulin d’avoir filmé cela avec son téléphone!)
Il y a quelques semaines, j’ai été invitée à lire deux nouvelles de Paul, écrites en 1982, pour un mini-festival ici. J’ai lu « The Last Stand » (Le Dernier Combat) basé sur l’histoire vraie de Robert Francisque, chef du Maquis, au Château de Malérargues. Cette histoire a été retravaillée par Paul pour créer le scénario d’un film, que nous avons ensuite réalisé : «Robert Le Noir». La deuxième nouvelle, «The Devil’s Bridge» (Le Pont du Diable), raconte l’histoire d’un jeune écolier doué, qui aime sculpter le bois (comme Paul lui-même). Cette histoire a été lue sur le BBC World Service en 1982 dans le cadre de leur série consacrée aux nouvelles. J’étais heureuse d’offrir une activité créative de Paul que peu de ses amis ici connaissaient. Et pour moi, c’était une expérience délicieuse de retrouver, à travers son écriture, un jeune Paul. Le seul inconvénient, c’est que je n’ai pas pu lui dire à quel point le public avait accueilli ses histoires avec enthousiasme !
Pour finir, voici une photo de l’événement.
Merci pour cette opportunité d’évoquer Paul, surtout pour ceux qui ne connaissent que son nom et pas plus.
Bonne voix,
Clara
Que célébrons-nous ?
Des décennies de vive voce vitalité !
Ivan Midderigh
En septembre, notre professeur, collègue, résident de Malérargues et ami bien-aimé Ivan Midderigh a célébré ses 80 ans de vie au cours d’une semaine de festivités.
Partageant des repas, des fêtes et des soirées de contes et de chansons avec ses proches venus à Malérargues des quatre coins du monde, Ivan nous a emmenés dans un voyage musical et photographique de sa vie et son histoire, y compris un avant-goût de ses prochains livres photographiques qui seront publiés à l’été 2024, à l’occasion du 50e anniversaire de son arrivée à Malérargues.
La semaine de célébration a culminé avec un concert, un spectacle présenté par Ivan et Orly Asody (voix et piano) avec l’accompagnement de Clément Caudal et Doug McArthur à la guitare, Olivier Philippson à l’accordéon, et Juliette Flipo à la harpe. Cette performance émouvante a été suivie de beaucoup de danse et de réjouissances jusqu’au petit matin !
Kaya Anderson
Notre doyenne Kaya Anderson a fêté son 90e anniversaire au Château de Malérargues le 25 novembre dernier.
C’était l’occasion d’une belle soirée où amis, voisins, collègues et élèves ont pu faire entendre leur voix et se rencontrer dans une ambiance joyeuse, détendue et propice à l’écoute.
Kaya a elle-même chanté un lied de Schubert («An die Musik») en étant accompagnée au piano par Davide.
En cette occasion, Kaya a été comblée de messages et de présents divers, dont un cadeau commun financé par 35 personnes pour séjourner à la mer dès que les beaux jours seront revenus.
En suivant le lien ici, vous pourrez visionner une minute de prise de parole de Kaya à l’ouverture de cette soirée, pour constater par vous-même à quel point elle est encore pimpante !
Dons
Si vous souhaitez faire un don au Centre Roy Hart, vous pouvez le faire via PayPal ou «Hello Asso», un site de paiement français qui garantit que vos données ne seront pas commercialisées. Cliquer sur ce lien. Nous vous remercions d’avance pour votre soutien.
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