Cher.e.s ami.e.s,

Le Centre Artistique International Roy Hart a connu un été formidable, avec une série de spectacles biens reçus dans le théâtre de la Magnagnerie. Il y a eu des événements choraux interactifs, de la musique du monde, de l’opéra et même un Bal trad dans la cour. Nous célébrons aussi deux mois de stages complets qui ont attiré des personnes de tous âges et de toutes croyances pour chanter, partager, s’exprimer et prendre plaisir à explorer la créativité et la découverte de soi en communauté. Alors que la chaleur s’estompe enfin, nous vous rappelons que notre programmation de stages se prolonge jusqu’à l’automne et l’hiver et que vous pouvez vous inscrire ici à tout moment.

Nous vous invitons à poursuivre votre lecture ci-dessous pour connaître nos activités et nos actualités, et au plaisir de vous entendre et de vous retrouver bientôt sous les mûriers de Malérargues.

Si vous souhaitez obtenir des informations, faire part de vos réactions, proposer une contribution à notre prochain bulletin d’information ou vous porter volontaire pour faire partie de l’équipe, veuillez contacter Siobhán McCann à siobhan.mccann@centreroyhart.org.

Nous avons le plaisir d’annoncer que notre demande de soutien financier à la Direction régionale des affaires culturelles de France (DRAC) pour les archives du Roy Hart Theatre a été acceptée. ArcheCOM, la commission Archives du Centre Artistique International Roy Hart, dirigé par Kevin Crawford, a obtenu une subvention de 18 700 € pour sauvegarder notre centre d’archivage actuel à Malérargues et développer des archives numériques des innombrables documents, séquences photographiques et vidéo, et enregistrements audio du Roy Hart Theatre et du Centre Artistique International Roy Hart depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui.

En outre, cette subvention permettra la création d’un site web dédié pour permettre la recherche numérique et le contact avec les archives à l’avenir. Un grand merci à Kevin ainsi qu’aux bénévoles de l’association Paula Molinari et João Charepe, à notre assistant administratif Francis Buessler et à toute l’équipe d’ArcheCOM pour leur dévouement inlassable dans la longue procédure de demande de subvention et leur travail continu pour préserver le patrimoine visuel et sonore du Roy Hart Theatre et du Centre Artistique International Roy Hart. Afin de recevoir la totalité de la subvention, nous devons apporter autant avec nos propres fonds et nous lancerons prochainement une campagne de collecte de fonds. En attendant, si vous souhaitez soutenir ce projet, veuillez contacter Kevin par e-mail à l’adresse kevincrawfordvoice@gmail.com

Nous sommes très heureux d’accueillir ces nouveaux enseignants et leur souhaitons un bon travail, épanouissant, inspiré et connecté à l’âme.

Sašo Vollmaier
L’écoute. C’est là où je me sens chez moi et d’où partent mes recherches et mon travail personnels. Comment puis-je m’entendre ou entendre les autres ? Comment est-ce que j’écoute les autres et moi-même ?
J’inclus le piano dans mon travail, je considère cet instrument comme une seconde voix. Lire plus

Viviane Gay
Je pense que la voix nous permet de faire un pont entre notre monde intérieur et le monde qui nous entoure. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, je travaille sur la voix parlée, sur la voix chantée, la voix remplie de nos multiples couleurs qui touche et peut-être révèle un bout de notre âme.
Lire plus

Delphina Fabbrini
Me donner la possibilité d’être à l’écoute de mon monde intérieur et des mondes qui m’entourent. Me donner la possibilité, à partir de cette écoute, d’entrer dans une relation plus authentique et profonde avec mon monde intérieur et les mondes qui m’entourent. Découvrir et cultiver un espace où tout ce que la vie apporte peut être transformé, où chaque expérience peut devenir un « pont » vers une nouvelle création. Tout ça, c’est pour moi « chanter ». Lire plus

Sarmen Almond
Je me suis engagée dans le travail vocal comme forme de connaissance de soi et de réflexion pour la création artistique. J’imagine et je perçois qu’au moment de donner la voix, à travers elle nous pouvons
devenir …
Lire plus 

Costanza Amici
Je considère l’exploration et l’expression de la voix comme une expérience profonde de contact avec le mystère de la vie et l’inconnu, un voyage de recherche et de découvertes, un terrain génératif pour la prise de conscience, la trans-forma(c)tion et la créativité.
Lire plus

Susan Bamford Caleo
Pour moi, la voix – le chant, la parole, le kaléidoscope des sons physiques-vocaux possibles et impossibles – nous ancre et nous relie dans l’échange avec tout ce qui nous entoure: les gens, le lieu et le temps. Nous sommes présents.
Lire plus

Les membres de notre association sont toujours en train de créer, de s’exprimer, de réaliser quelque chose de nouveau et de trouver de nouvelles formes d’expression.

Improvisation enregistrée au studio Crossover à Lisbonne en mars 2023 avec Kaya Anderson (voix), João Charepe (voix et claviers), Francisco Chiquinho Fernandes (batterie) et Rafael Silva (basse).

Enregistré à St Martin Château en 2023
Enregistrement et montage par João Charepe.

Pour écouter l’enregistrement complet sur notre chaîne YouTube, cliquez sur l’image ou sur le lien ci-dessous.
Un moment avec Pascale Ben et « Le poisson d’avril »

Le projet Zauber est terminé.

(Extraits de la critique)
La musique de ZAUBER s’est enrichie, clarifiée : elle reste le cœur palpitant de l’œuvre où il n’est plus nécessaire de comprendre, mais seulement d’entendre. Il a fallu cinq ans pour trouver cette essence, mais c’est peut-être l’alchimie du temps nécessaire pour distiller l’or. – Linda Wise, codirectrice de Pantheatre.

J’ai trouvé deux interprètes exceptionnels : je pensais que l’anglo-italienne Rosa Lanati allait voler la vedette. La qualité de son autorité et de son humour, ainsi que sa voix  » intimidante « , ont parfaitement maîtrisé Mozart. Anita Roksvåg a été exceptionnelle d’une manière presque opposée en étant sobre et « vraie », grâce à une interprétation complexe de première classe. Elle m’a arraché un « brava » émotionnellement rauque. – Enrique Pardo, codirecteur du Pantheatre.

La compagnie Imagi_nation est ouverte à toute suggestion concernant les futures représentations de ZAUBER et, en attendant, nous sommes prêts pour quelque chose de nouveau, un nouvel opéra : nous allons essayer Acis et Galatée – de Mozart à Haendel.

Acis et Galatée

Du 24 au 29 octobre 2023, Ian Magilton dirigera un séminaire intensif de formation, recherche et création basé sur l’opéra baroque anglais Acis and Galatea de Haendel, en vue d’orchestrer une production dans l’esprit du Roy Hart Theatre. Le travail sera accompagnée par des musiciens professionnels, tous dotés d’une grande expérience dans la recherche vocale du Roy Hart Theatre à Malérargues: Stephen Rivers-Moore, Sašo Vollmaier et Caroline Boersma. Au moment de la publication, des rôles sont encore ouverts pour deux sopranos, un ténor et une basse.

Ce partenariat entre la Compagnie imagi_nation, l’association et organisme de formation Pivoine, et la Régie de coordination de Lasalle, avec le soutien du Centre Artistique International Roy Hart, est un projet expérimental.

La tâche la plus importante d’un musicien est, comme celle d’un acteur, de donner vie à ce qui est écrit sur la page…

Les candidats potentiels au projet passeront par un processus de sélection. Pour plus d’informations, voir ici. Vous pouvez également écrire à imagi_nation@icloud.com ou appeler au +33 (0)7 68 96 33 79

Acis et Galatée par Nicolas Poussin (1627-1628), National Gallery of Ireland (Galerie nationale d’Irlande).

Deux contributions de la part d’Enrique Pardo

Le Festival Mythe et Théâtre 2023 – 17 juin au 02 juillet
Fétiche – Un bref compte-rendu.

Le Festival annuel de Panthéâtre a été créé à Malérargues en 1987 par Enrique Pardo sous la présidence du psychologue et écrivain américain James Hillman. Depuis quelques années le festival étudie et travaille des thèmes liés à la Magie, et particulièrement depuis ma rencontre avec le philosophe français Xavier Papaïs, devenu un ami proche qui, très jeune, fut admis premier à l’École Normale Supérieure, pour ensuite se voir refuser son sujet de thèse ! Il proposait une histoire et une réhabilitation contemporaine de la Magie.

Fétiche est donc l’aboutissement d’une longue série de thèmes traitant de la magie dans le cadre « mythe et théâtre ». Aujourd’hui, je considère le fétiche comme le modèle le plus riche, profond et complexe de créativité artistique, enraciné dans des facteurs à la fois sociétaux et personnels, les entrelaçant à travers des figures et des associations intrépides, souvent insolites, toujours singulières et originales. Picasso et consorts l’ont compris au tout début du 20e siècle ; le surréalisme leur a emboîté le pas. Mais le modernisme et le post-modernisme semblent avoir perdu la trace magique pour aboutir à des totems abstraits minimalistes et à des réductions (de têtes) conceptuelles. À présent, la pensée post-coloniale attise la réouverture des placards séculaires de la répression du fétiche.

Le livre qui a confirmé notre choix de thème est The Fetish Revisited: Marx, Freud, and the Gods, Black People Make (2018), de Lorand Matory. Ces « Dieux que les Peuples Noirs fabriquent » comptent en fait parmi les œuvres d’art les plus extraordinaires de l’humanité. Le mot fétiche était en fait une insulte que les navigateurs coloniaux portugais ont transféré sur ces figures divines avec une dose de cynisme panique (et chrétienne).

Pour la suite, en 2024, puis en 2025, année qui marquera le cinquantième anniversaire de la mort tragique de Roy Hart. (Cinquante ans suffisent à transformer quelqu’un de sa stature en légende et même en mythe.) Je dirais, en guise d’indication, que sa façon d’interpréter les rêves, lié notamment à sa philosophie de la voix, était profondément fétichiste ; chez lui, par le biais du Talmud. C’est l’un des sujets que j’aimerais aborder lors des festivals de 2024 et 2025. (Assurez-vous d’être abonnés à la Newsletter de Panthéâtre).

Spectacles préférés de l’été 2023 à Malérargues

Un choix « fétiche »

Shirley Paucara dans Zumbayllu, un bijou de Théâtre Pauvre dans la fabuleuse tradition de Cuatrotablas, un groupe péruvien qui a visité Malérargues à la fin des années 1970, introduisant le travail et les idées de Grotowski et d’Eugenio Barba, des influences cruciales, certainement pour moi Panthéâtre. La performance de Shirley est basée sur Rivières Profondes de l’auteur péruvien José María Arguedas. De magnifiques prises de position militantes post-colonialistes, et une poétique très fine et enjouée – présentée dans le cadre du Festival Mythe et Théâtre.

Zauber – d’après La Flûte Enchantée de Mozart, conçu et mis en scène par Ian Magilton. Un authentique diamant brut à la « Roy Hart ». Je dis que Ian est le dernier « Roy Hart » à Malérargues, dans la tradition de ce qui était, selon Roy Hart, son théâtre amateur. Je travaille sur ces thèmes… pour 2025. Lire ma CRITIQUE.

Benjamin Rivers, rebelle australien, a lancé un défi « en cours ». Son arrière-grand-père était l’un des bras droits (de gauche) de Ben Gourion lors de la création d’Israël, et ensuite… chargé de l’expulsion des Palestiniens ! Grosse, grosse controverse. Bravo pour ce défi courageux et passionnant, mis en scène par Linda Wise. RDV l’été prochain.

Le Cauchemar de Méduse, encore une création en cours (sérieusement avancée), par La Cie des Chimistes, un groupe qui forme le noyau des Laboratoires Panthéâtre de Paris. Pour citer Goya : Le sommeil de la raison engendre des monstres. Ici, littéralement : nous sommes subtilement baladés sur une Corniche à rebondissements, alternant rires, larmes et horreur, jusqu’au silence de plomb après le viol de Méduse.

Poésie, par Benjamin Rivers

Une réflexion personnelle sur notre relation au son, à la voix et à la transmission dans la tradition Wolfson-Hart. (En anglais seulement.)

4’33 »

It’s 1952.
Maverick Concert Hall.
A rough wooden structure built in the woods.

David Tudor sits down at the piano.
The audience settles.
Hush descends.
They wait.
They wait.
They wait.

We wait for music.
But already, it’s here.
Even in silence.

Listen…

Tudor lifts the piano lid.
The field lies quiet.
Fresh snow.
A winter’s wind.
The morning sun.
All is possible.

In each second
What we thought was death
Is something new.

Tudor listens.
The audience listens.
Even now, we are listening.

Even now
We are all listening.

The piano in her silence is sounding.
Strings that tremble with a cleared throat
A cough, the squeak of chairs.
Footsteps leaving.

Outside the hall, the world too.
The soil. The woods.
The slow collision of continents.
And above, small white fires that crackle
Somewhere far across the sky.
A universe.
One verse.
Many songs in one verse.

Alfred Wolfson in the trenches.
Bearing bodies to a tent.
Bearing bodies to death.
Bodies that sound.
Voices that haunt.
Voices that travel from there till now.
Alive in us.
Longing for light.

From the forest edge he steps.
The animal.
Into the snow.
Standing. Alert. Attentive.

Not alone. But alone.
Not alone. But alone.

All of us listening. Right now.
Together. Here.
Aching. Turning to the cry.
The word. The chant.
The song. The lullaby.
The anthem. A fiesta.
Striking! Floating!
Punching! Resting.

All here.
An eon of voices.
Echoing.
Their breath alive in living wood.
Their breath in us.

The teacher. The guide.
The student and seeker.

The hunter.
The hunter.
The hunter is still.
The hunter listens.
The hunter follows.
The hunter predicts.
The hunter prays.
The hunter bows before their prey.
The hunter weeps.
The hunter howls.

All is possible.

In 1951, John Cage visits an anechoic chamber.
He enters expecting to find total silence.
Instead, he hears sound.
One high sound. One low.
The engineer in charge informs Cage that the high sound is his nervous system.
The low one, his blood in circulation.

At Maverick Concert Hall the wind stirs beyond its walls.
Raindrops patter on the roof.
Somebody whispers.

Music is everywhere.
Everyplace speaks.
Our voice, from breath to scream, a song.
An impulse driven forth from muscle, bone, cartilage, culture and consciousness.

Teacher, friend, fellow traveler.
Will you help me speak?
Will you listen?

Accidental sound.
Autonomous sound.
The sound of our blood, the creak of ligaments.

We reach for the unknown and undesirable.
The croak, a groan, a rasping shriek.
The seed of a lament.
The cry of grief.
A plea to God for this to end.
To be delivered.
Suffering into sound.
Sound that comes from necessity.
Voices born from urgency.
A wish to stay or go beyond.
Chords that soothe, and sway and lift us up, together.
People. Persons.

Person. From the Latin, “per” meaning “through”
And “sonare” meaning “to make sound”.
This corporeal presence, our human body
With song at its source.

In Maverick Hall, we hear.

The deity. The demon. The oracle.
Each one’s sound inside.
The whimpering child.
A man in love.

We usher them forth.
Courting them, comforting them, coaxing and cajoling them.
Waiting, generous in the fullness of silence.

4 minutes and 33 seconds have nearly passed.

My friends, will you step with me into the snow?

Copyright © 2023 par Benjamin Rivers. Publié avec l’autorisation de l’auteur.

Benjamin est étudiant de voix au Centre Artistique International Roy Hart depuis bien des années. Il est membre du Advanced Pedagogic Group (groupe de pédagogie avancé) et poursuit son parcours pour devenir professeur de voix certifié du Centre Roy Hart.

Photo: Ivan Midderigh