LETTRE D’INFORMATION AUTOMNE 2024
Des nouvelles du CAIRH
Cher.e.s ami.e.s,
Alors que les journéess raccourcissent et que nous entrons dans la saison de la réflexion, nous nous réjouissons de vous accueillir à Malérargues pour le dernier stage de l’année, Chants géorgiens et célébrations, animé par Laurent Stéphan et Zoé Perret, qui vous feront découvrir l’expérience inoubliable d’un soupra géorgien.
Le programme 2025 des stages sera bientôt en ligne. En plus de la reconduction de stages plébiscités ces dernières années, il comprendra de nouvelles propositions et de nouveaux professeurs.
En attendant, nous vous invitons à lire les nouvelles de Malérargues et de notre équipe à travers le monde.
Chaleureusement,
Siobhán
De la part du Conseil d’Administraton du Centre Artistique International Roy Hart
Si vous souhaitez obtenir des informations, faire part de vos réactions, ou proposer une contribution à notre prochain bulletin d’information veuillez m’écrire à siobhan.mccann@centreroyhart.org.
Quoi de neuf ?
Bienvenue à Stéphanie Roy, la toute nouvelle membre de notre équipe.
Stéphanie Roy a rejoint notre équipe en octobre 2024 en tant que Chargée de développement.
Il y a plusieurs vies dans une vie. Stéphanie a d’abord suivi une formation agricole puis en écriture dramaturgique et enfin en cinéma. Elle a travaillé douze années dans le domaine de l’exploitation cinématographique et a été coopératrice et adjointe de direction du cinéma Utopia de Montpellier. Elle est diplômée de la Fémis en 2019 en Direction d’exploitation cinématographique.
Avec une expérience de plus de 20 ans dans le monde associatif : bénévolat et salariat dans plusieurs structures majoritairement artistiques et culturelles, elle a notamment co-fondé les associations dynamOve et Bobine & Binette. Elle est aussi membre du conseil d’administration de l’association La Saison Artistique de Mélando déléguée au budget. Avant d’arriver au Centre Roy Hart elle était animatrice et coordinatrice du tiers-lieu la Filature du Mazel. Elle a plusieurs cordes à son arc et une vision d’ensemble et plurielle des structures associatives.
C’est son goût pour le développement de projets artistiques en milieu rural qui l’a conduite au Centre Roy Hart. La richesse du projet et ses perspectives de développement ainsi que l’aventure collective qu’il représente ont particulièrement suscité son intérêt.
Stéphanie est joignable à stephanie.roy@centrereoyhart.org
Bienvenue Stéphanie !
Que célébrons-nous ?
Un retour au bercail pour l’année du jubilé
En juin, nous avons célébré le retour d’un grand nombre des 49 premiers membres du Roy Hart Theatre qui se sont installés à Malérargues il y a cinquante ans. Ils ont été rejoints par une soixantaine de stagiaires qui ont participé à des ateliers, des masterclasses, des présentations et des lectures, ainsi que les quarante membres de la chorale et des centaines de personnes qui ont assisté aux spectacles en soirée.
La semaine s’est déroulée dans l’amour, remplie de moments de tendresse, d’exubérance joyeuse et de réflexion – dans le théâtre et les studios, lors de repas partagés sous les mûriers, ainsi qu’au sein de notre extraordinaire équipe de bénévoles dans les cuisines et les greniers. Nous avons chanté, nous avons dansé, nous avons ri et applaudi, et nous avons versé notre part de larmes. Ce fut un moment de guérison et une expérience rédemptrice de retrouvailles avec de vieux amis et d’ouverture aux habitants de la localité environnante qui soutiennent le centre depuis toutes ces années.
Jubilatoire ce jubilé
La beauté du lieu
au soleil de juin
rafraichi
par le premier orage
Les pierres dorées
qui filtrent
chants et cris
Retrouvailles
découvertes
Celle que je n’ai pas reconnue
celle que j’ai rencontrée
celui que je n’ai pas reconnu
celui qui ne reconnaissait personne
ceux qui sont encore debout
malgré tout
Les souvenirs
reconstruits
contradictoires
Les sourires
les larmes
et soupirs
qu’est ce qui a bougé
abondance et générosité
de tous les côtés
professeurs et bénévoles
réunions
passage de relais
créativité
champagne
verres vides
verres pleins
verres remplis
encore une fois
ce champagne
pétille au coeur
Au cours de l’année à venir, Ivan Midderigh, qui a été le fer de lance de l’événement, publiera une histoire photographique du Roy Hart Theatre jusqu’à la semaine de célébration du 50e anniversaire cette année. Il y aura également un film documentaire sur l’événement.
En attendant, vous trouverez ci-dessous un lien vers un reportage de la chaîne de télévision locale Télédraille, filmé pendant la semaine du festival du 50e anniversaire
L’été s’achève sur un autre programme de spectacles merveilleux
Une très belle saison d’été 2024 se clôture. Cette année, nous vous avons proposé une programmation variée et de qualité : deux pièces de théâtre, trois concerts et une performance poétique et musicale. Merci pour votre présence et vos retours qui nous ont fait identifier deux « coup de cœur » : » : la puissante performance LOBA avec Viviane Gay seule en scène, ainsi que Le Secret, magnifique concert avec Marion Rampal et Pierre-François Blanchard.
Vous l’aurez remarqué, cette année encore nous vous avons proposé un espace de convivialité, idéal pour se rafraîchir et prendre le temps d’échanger avant et après le spectacle.
La commission ArtCom, en charge de la programmation, est actuellement composée de cinq bénévoles travaillent tout au long de l’année pour vous offrir le meilleur de la musique et du théâtre locaux et internationaux. Nous vous donnons rendez-vous l’été prochain pour une nouvelle saison de propositions artistiques !
Cette programmation a été soutenue par le département du Gard que nous remercions chaleureusement.
Pour contacter ArtCom, veuillez écrire à artcom@centreroyhart.org
Tisser des voix comme des fils de communautés : un projet ERASMUS +
Au cours des deux dernières années, cinq des professeurs du Centre Roy Hart – Saule Ryan, Carol Mendelsohn, Laurent Stéphan, Walli Höfinger et Christiane Hommelsheim – ont participé à un projet financé par l’Union Européenne : Weaving Voices as Threads of Communities – Tisser des voix comme des fils de communautés.
Ce projet impliquait la participation de sept structures partenaires dans six pays différents : le Centre Artistique International Roy Hart, France ; Colaborative Reichenow e.V., Allemagne ; Leeds Beckett University – Performing Arts, Royaume-Uni ; Sinum Theatre Laboratory Association, Hongrie ; Soharóza Nonprofit Association, Hongrie ; Solsidans Kulturförening – Studio Folkhemmet I Unnaryd, Suède ; et TuYo Foundation, Pays-Bas.
Chaque structure partenaire a accueilli les autres pour une période de sept jours. À la première étape de travail, qui consistait en un échange de pratiques entre les participants, a graduellement succédé une ouverture vers un public très varié incluant parmi d’autres des passants dans la rue, des chorales, des migrants et des patients d’un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie.
Une exposition a été mise en place tout l’été dans le hall du Château de Malérargues pour rendre compte de ces différentes actions.
Si vous êtes curieux d’en savoir plus, vous pouvez demander à recevoir une copie électronique du livre qui va constituer le point final de ce projet. Puisque ce projet passionnant est européen et qu’il a vocation à toucher le public le plus large, ce livre sera traduit dans plusieurs langues (français, anglais, allemand, suédois, hollandais et hongrois).
Les partenaires internationaux ont partagé leurs pratiques, méthodologies et approches spécialisées et créé des liens entre diverses pratiques telles que : le tissage et d’autres activités manuelles, l’approche physique et vocale du Roy Hart Theatre, le chant polyphonique géorgien, le chant traditionnel suédois Kulning, l’approche corporelle Feldenkrais, l’écriture créative, la mise en relation avec la nature Vision Quest.
Ce projet en a fait l’expérience : lorsque les gens se connectent à travers ces différentes pratiques – voix, tissage, mouvement, écriture et travail environnemental – ils peuvent se rencontrer, se voir et s’entendre d’une manière nouvelle. Lorsque des espaces plus sûrs sont créés, la confiance peut s’établir au-delà des langues.
Suivez Weaving Voices sur Facebook et Instagram
Photos: Olga Ganzha, Ivan Midderigh[/caption]
Dernières nouvelles des archives
Notre projet de préservation et de numérisation des archives d’Alfred Wolfsohn, Roy Hart et du Roy Hart Theatre destiné à un accès en ligne bat son plein !
Pamela Christiana di Almeda, qui a travaillé avec nous à distance depuis le Brésil jusqu’à présent, est arrivée à Malérargues en octobre pour trois semaines intensives sur le projet, avec Rosa Lanati, une résidente de Malérargues. Pamela est responsable de l’indexation des divers documents d’archives et travaille donc en étroite collaboration avec Rosa, qui est chargée de numériser les innombrables documents papier, programmes, lettres, etc. Elles travailleront ensemble pour assurer l’intégration et la conformité totales du processus de numérisation et d’indexation. Ceci est essentiel pour garantir que la plateforme numérique en ligne des archives et le système physique d’archivage à Malérargues soient à la fois à jour et compatibles.
En avril 2025, nous bénéficierons de l’aide d’une étudiante Erasmus+, Annarita Bitonto, qui aura pour mission de commencer à travailler sur les très importantes archives audio. Paula et moi-même passerons plusieurs semaines à Malérargues pour préparer l’arrivée d’Annarita et superviser son intégration.
Notre campagne de collecte de fonds en ligne est toujours active et nous vous encourageons à continuer d’en parler. Il faut parfois un certain temps pour faire passer notre message, mais nous constatons qu’il suscite toujours de l’intérêt et nous aurons besoin de ces fonds pour poursuivre le travail en 2025.
En outre, nous soutenons, autant que possible, Ivan Midderigh et Clément Caudal dans l’achèvement de la version en ligne de L’histoire visuelle de Wolfsohn à nos jours. Nous considérons qu’il s’agit d’une priorité et d’un complément essentiel au contenu des archives.
Mes meilleurs vœux vous accompagnent alors que nous entrons dans un automne très pluvieux et frais ici en Toscane.
LEVÉE DE FONDS
La fin de l’année approche. Nous vous invitons à soutenir notre projet de financement de la conservation de nos archives et la création d’un site web dédié à la recherche en ligne. Les donateurs résidant en France, en Allemagne, en Espagne et en Italie peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt sur leurs dons. Pour plus de détails, veuillez contacter archecom@centreroyhart.org.
Les dons peuvent être effectués via HelloAsso ou GoFundMe.
Pour plus d’informations et pour faire un don, veuillez cliquer ici.
Merci d’avance pour votre soutien.
Qu’écoutons-nous ?
Roy Hart – Le livre – Interview sur le livre écrit par Kevin Crawford & Bernadette Sweaney, par João Charepe
Que lisons-nous ?
A propos du livre « Hungry Listening » et Roy Hart
Par Ralf Peters, Artiste de voix et performance, philosophe, écouteur, membre actif de l’association du Centre de voix Roy Hart
Dans le cadre de mes recherches pour le projet « Vocal ecotism – vocal art in a wounded world » (l’art vocal dans un monde blessé), je suis tombé sur le livre Hungry Listening : Resonant Theory for Indigenous Sound Studies (University of Minneapolis Press, 2020), de Dylan Robinson, un érudit xwélmexw (Stó:lō/Skwah)*, artiste, commissaire d’exposition et écrivain.
L’auteur présente le livre comme « une réponse critique à ce qui a été appelé ‘la blancheur des études de son’ », dans lequel il « évalue comment les pratiques d’écoute décoloniales émergent d’une prise de conscience accrue de notre positionnement en matière d’écoute. »
Robinson compare les différentes approches de la musique dans la pensée indigène et occidentale. Il explique comment l’histoire occidentale a façonné notre façon d’écouter et présente les méthodes alternatives des traditions indigènes. Une grande partie de ce que Robinson présente comme des formes d’écoute différentes de celles des « colons » évoque nos pratiques d’écoute d’autres voix dans la tradition Wolfsohn-Hart.
Robinson affirme que « l’écoute affamée (hungry listening) donne la priorité à la capture et à la certitude plutôt qu’à la sensation affective, au timbre, au toucher et à la texture du son » (p.38). Écouter sans ‘faim’, c’est plutôt créer une relation en s’écoutant les uns les autres, à tous les niveaux de notre existence, comme nous le faisons dans une leçon individuelle de voix dans la tradition Wolfsohn-Hart.
Robinson explique que dans la tradition Stó:lō/Skwah, il est important d’écouter avec « trois oreilles : deux sur les côtés de notre tête et celle qui est dans notre cœur » (p. 51). Dans la tradition Wolfsohn-Hart, nous pratiquons cette forme d’écoute que Robinson qualifie de « façon de ressentir l’histoire à partir du cœur et des oreilles ».
Robinson décrit une installation artistique au musée d’anthropologie de l’université de Colombie-Britannique, au Canada. Gathered Together (Réunis ensemble) se compose d’une table et de chaises de cuisine, une nappe, une théière et quelques tasses, représentant l’importance du rassemblement dans les traditions indigènes. Il ne s’agit pas seulement d’un rassemblement d’individus, mais aussi d’une « réunion des éléments d’une histoire » (p.71). Lors d’une telle réunion, les participants ne s’écoutent pas les uns les autres avec appétit, mais plutôt « lorsqu’une personne parlait, le reste du groupe l’écoutait respectueusement (…). Quand la personne suivante partageait ses pensées avec le groupe, ils répondaient en profondeur, en parlant non seulement de leurs propres expériences et perspectives, mais aussi de celles qu’ils venaient d’entendre ». Ils s’écoutaient les uns les autres en retenant ce qu’ils avaient entendu et en « l’intégrant dans leur perception du sujet » (p.70). Pour beaucoup d’entre nous, cela peut rappeler les « Rivières », ces réunions de la compagnie du Roy Hart Theatre à ses débuts.
Il poursuit en expliquant que dans les traditions indigènes, les sens ne sont pas strictement séparés, mais compris comme un seul système de relation au monde. Cela rappelle l’affirmation d’Alfred Wolfsohn selon laquelle, pour lui, les yeux et les oreilles sont un seul et même sens et que le chant est une forme de toucher.
Pourquoi envisager ces parallèles (possibles) entre l’écoute dans les cultures indigènes d’Amérique du Nord et notre propre approche, très ancrée dans une tradition européenne et occidentale ?
L’une des raisons est la qualité transculturelle du travail dans la tradition Wolfsohn-Hart. Celle-ci suggère qu’en tant que praticiens de ce travail, nous avons quelque chose à dire pour dépasser les idées occidentales dominantes de compréhension du monde, et faire place à d’autres approches plus respectueuses de l’humanité et du monde non-humain.
Robinson mentionne à plusieurs reprises que nous vivons un moment de l’histoire où il faut reconnaître que nous ne savons pas ce qu’est réellement l’écoute. Nous avons tous – peuples autochtones et occidentaux (« colons ») – perdu cette compréhension. Pour comprendre ce que l’écoute signifie pour nous aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous référer uniquement aux traditions antérieures, mais nous devons aussi trouver le courage de poser à nouveau la question. Qu’est-ce que cela signifie d’être à l’écoute de soi-même, des autres et de tout ce qui existe dans le monde ?
*xwélmexw (Stó:lō/Skwah) : membre du groupe Stó:lō/Skwah, groupe de populations des Premières nations habitant la Vallée Fraser et le Canyon Fraser inférieur en Colombie-britannique, et partie du groupe informel des nations Salish de la côte.
Pour en savoir plus sur les réflexions de Ralf sur « l’écoute affamée » (hungry listening) dans le contexte de la recherche « Vocal ecotism – l’art vocal dans un monde blessé », voir ici.
An English translation of Ralf Peters’ book Paul Pörtner und Roy Hart: Die menschliche Stimme in Kunst und Leben about Roy Hart and Paul Pörtner and their collaboration in London from 1972 to 1974, is now availble. You can read about the book in our May 2024 newsletter.
You can also request a copy of the English translation of Ralf’s earlier book In Gedanken: singen.
Please contact Ralf at ralf-peters@stimmfeld.de for further details.
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