Liza Mayer
Liza nous a quittés dans la soirée du mardi 8 décembre 2009. Elle est décédée paisiblement dans son appartement de Malérargues auquel elle était retournée le jour même, de la clinique Bonnefon à Alès. Consciente que c’étaient ses derniers jours, elle avait demandé à rentrer chez elle. Mardi midi elle est arrivée pour voir le soleil, les arbres, ses amis, son appartement. Plus tard dans l’après-midi, elle s’endormit peu à peu et nous quitta.
Notre perte et notre chagrin sont simplement infinis – pour toujours et non-finis. La façon dont elle a présidé PANTHEATRE – elle était notre présidente – était tout simplement un plaisir, un plaisir rassurant, délicieusement chaotique parfois, toujours une source d’inspiration et d’enthousiasme. On pourrait dire qu’elle était notre muse-présidente. Ce fut Liza aussi qui la première m’a fait remarquer Pan, dans les années 70. Je pourrais retrouver les passages spécifiques d’E.M. Foster (Passage to India?), de Laurence Durrel, de D.H. Lauwrence, et d’autres auteurs dont nous parlions à l’époque. C’est aussi à cette époque que Liza m’a acheté The Dream and the Underworld (Le rêve et les Enfers) de James Hillman, alors que je venais de découvrir son Pan et le Cauchemar, et Hermes et de ses Enfants de Rafael Lopez-Pedraza, les livres fondateurs de PANTHEATRE.
Lors de la cérémonie funéraire à Alès, le vendredi 11 décembre, j’ai parlé de son amour de la tradition de Des jours et des Labours d’Hésiode, qui, à bien des égards, est une tradition démétérienne. Liza était Déméter. Elle a incarné la déesse dans un spectacle intitulé tout simplement Déméter et chanté – c’est inoubliable – ce qui pour beaucoup d’entre nous reste la version «divine» de la berceuse flamenco de Falla : Duermete Lucerito. Haim Isaacs l’a chantée lors de la cérémonie.
Chaque fois que Liza allait faire une promenade elle revenait avec des trèfles à quatre feuilles. Le nom romain de Déméter est Cérès, déesse des céréales et des « jours et labeurs » champêtres. Elle présidait aux travaux journaliers, qu’il s’agisse des fruits de la récolte ou de la fatigue du travail. Quand quelqu’un travaillait dur pendant une récolte, par exemple, il ou elle pouvait tout d’un coup sentir une présence à proximité, lever le regard et découvrir une dame magnifique au travail au sein de l’équipe. C’était la déesse elle-même qui avait retroussé ses manches et travaillait en toute concentration. Plus tard, elle pouvait se joindre aux festivités, au vin, aux chants, aux causeries au coin du feu, ou à un câlin dans le foin – pourquoi pas! – pour ensuite s’assoupir et s’endormir paisiblement.
Cette page (www.pantheatre.com/1-liza.html) est dédiée à la mémoire de Liza la divine. Elle inclut des extraits des nombreuses notes d’adieu qu’elle reçut, ainsi que de photos, des écrits, peut-être un extrait de Déméter et de sa voix qui chantait … « Duermete niño, duerme, duerme mi alma, Duermete Lucerito de la mañana ». (Dors, mon enfant, dors, dors mon âme, dors douce étoile du matin…)
Fais de beaux rêves Liza. Tu nous manqueras terriblement et nous chérirons ta mémoire avec amour.
Malérargues, le 12 Décembre, 2009.
Enrique
avec Linda, Natacha et les amis de Liza.